Prenant comme prétexte une depeche de l'AFP intitulée "André Viard compare les anti taurins aux nazis" un procés d'intention ignoble m'est fait dont le but est de faire de moi un abject xénophobe. Or je n'ai ni dit ni écrit cela, raison pour laquelle j'attaquerai en diffamation quiconque le prétendra.
Ce qui est écrit, et il suffit de le lire pour le vérifier, est qu'à presque quatre-vingts ans d'intervale des faits similaires se sont produits et qu'ils sont également condamnables, à moins de ne considérer que la communauté des aficionados est indigne de faire valoir ses droits.
J'ai en horreur toutes les formes de xénophobie ou de racisme, et l'histoire nous enseigne que la spirale de la violence qu'elles génèrent a débouché sur les plus grandes tragédies que l'humanité s'est infligée à elle-même : la shoah est bien sûr la plus horrible de toutes en raison de son ampleur.
Mais si l'on veut bien me lire sans a priori, on peut vérifier que je parle de faits qui lui sont antérieurs (1936-1938) et qui, s'ils en expliquent l'origine, n'en font pas partie au sens que les historiens lui donnent.
Quoiqu'il en soit, à ceux qu'une lecture trop rapide aurait pu induire en erreur et qui en seraient meurtris, je tiens à manifester ma compassion et ma solidarité la plus absolue. Mais cette tragédie postérieure à la période dont je parle en est la conséquence directe et l'on peut se demander si, en dénonçant assez tôt et avec suffisamment de force ce qui devait l'être, le pire n'aurait pu être évité, et tel est le sens de mon propos : en laissant la roue de l'histoire tourner lentement dans la mauvaise direction, une fois qu'elle a pris de la vitesse nul n'est plus en mesure de l'arrêter.
Quoiqu'il en soit également, cette horreur absolue ne doit pas faire oublier toutes les autres guerres ethniques ou religieuses qui, encore aujourd'hui et sur notre propre continent, ont été à l'origine de dérives tout aussi monstrueuses que la communauté internationale a pareillement condamnées. Toutes ont débuté par des campagnes de stigmatisation similaires à celle entreprise aujourd'hui contre la communauté des aficionados et se sont poursuivies par des atteintes aux biens et aux personnes que nous subissons aussi, avant de sombrer dans l'horreur la plus absolue.
Le risque n'est bien sûr pas le même, mais quand on prend la mesure des menaces qui nous sont faites ou quand on voit des individus irresponsables proposer des cordes pour pendre les aficionados en guise de cadeaux de Noël, on peut imaginer ce qui se passerait dans une autre société que la notre. En outre, ayant été victime avec toute ma famille d'un attentat criminel heureusement inabouti mais revendiqué par un mouvement dont on a vu cette année apparaître le sigle dans diverses manifestations anti taurines, je mesure parfaitement les conséquences possibles de ce déferlement de haine totalement désinhibée qui s'abat aujourd'hui sur nous.
Et je mesure aussi toute la difficulté qu'il y a, à faire comprendre qu'au même titre que toutes celles qui ont été confrontées à cette folie, la communautée des aficionados a le droit d'exiger le respect et de dénoncer les attaques portées contre elle. Il serait paradoxal, pour ne pas dire coupable, de nous nier ce droit le plus élémentaire, lorsque l'on constate, à la lumière de l'histoire, que c'est precisément pour n'avoir pas pu enrayer cette spirale xénophobe dés ses premières manifestation que le pire s'est toujours produit et que des communautés entières ont été poussées vers l'abîme.
Nulle cause ne mérite d'être souillée par des actions portant atteinte à la dignité humaine, telles que ces inscriptions "d'aficionazi" qui ont fleuri sur diverses arènes, ou ces campagnes mensongères orchestrées par quelques uns dans le seul but de stigmatiser une communauté toute entière. Les mots ont un sens et peuvent avoir un rôle salvateur à condition de ne pas être dénaturés. Que nul ne s'y méprenne donc : il ne s'agit à aucun moment de minorer l'horreur dont ont été victimes toutes les minorités opprimées de notre histoire, mais plus simplement de dire que la communauté culturelle des aficionados entend ne pas voir ajouter son nom à leur trop longue liste.
Vouloir donner à mes propos toute interprétation différente relève de la diffamation et sera poursuivie comme telle, d'où qu'elle vienne.
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André Viard