LE CAS MONTAGNER




Depuis plusieurs semaines est annoncée une conférence du professeur Hubert Montagner. À Dax, jeudi, il doit disserter sur les ravages que provoqueraient les spectacles taurins sur les jeunes... Et au vu du nouvel attentat commis à Rion par quelques franc-tireurs de la mouvance qu'il vient cautionner, on ne saurait trop lui conseiller de revoir son sujet s'il veut rester crédible.

Au-delà de l'auto-portrait flatteur dressé par sa propagande, le personnage véhicule quelques relents de souffre dans les milieux enseignants. Voici trente ans, me dit un de ses confrères, il a travaillé sur la chronobiologie, sorti quelques études qui ont été reprises par certains syndicats, avant d'intégrer le cortex de la FCPE...

Trente ans après, toujours selon ses confrères, Hubert Montagné surfe toujours sur les mêmes thèses, sans se rendre compte que le monde a beaucoup changé, et que les shémas réducteurs auxquels il s'accroche sont en partie responsables de l'échec scolaire, après avoir cautionné la dérive que chacun peut déplorer, de l'enfant-roi à l'enfant-tyran.

Mais le système est ainsi fait que les mandarins ont la peau dure, et grâce aux bienfaits de la cooptation qui prime dans les instances universitaires, les mêmes tournent en boucle depuis trentes ans, un peu comme des rats de laboratoire dans leur manège. La semaine de cinq jours, toujours selon un de ses confrères pour qui elle représente une hérésie, c'est encore en partie à ses travaux obsolètes qu'on la devrait.

Il ne faut donc pas s'étonner que sur le terrain qui nous intéresse, celui des dommages que causerait sur les enfants la violence inhérente aux spectacles taurins, Hubert Montagner ait aussi quelques trains de retard sur la plupart de ses confrères qui estiment au contraire que cette violence est formatrice dés lors qu'elle est expliquée.

Le véritable intérêt de la conférence à laquelle je ne pense pas que les aficionados seront très nombreux à assister, réside donc dans la façon dont Hubert Montagner va se dépétrer de cette contradiction : comment expliquer que la violence qu'est sensée, selon lui, développer le spectacle taurin chez ceux qui y assistent, soit uniquement vérifiable chez ceux qui veulent leur interdire d'y aller ?

Et comment, lui, peut-il se faire ainsi le complice d'un mouvement qui, par son discours mensonger d'exclusion et de haine, porte une lourde responsabilité morale dans l'escalade de la violence qui entoure les arènes ?

Faudra-t-il qu'un détraqué similaire à celui qui a ouvert le feu dans les locaux du journal Libération fasse un carton devant une arène pour qu'il ouvre les yeux sur la nature de la cause qu'il cautionne ? Il y a longtemps que j'ai écrit ici que ce n'était qu'une simple question de temps.

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André Viard