Très portés sur la chose, les anti taurins se félicitent d'avoir accroché un nouveau scalp à leur collection de têtes pensantes qu'ils pensent avoir rallié à leur cause. En l'occurence, celui de la très honorable Simone Weill, qui aurait dû tourner sept fois sa plume dans l'encrier avant de signer la pétition qui lui était présentée.
À ce qu'elle écrit, madame Weill souscrit à l'idée d'interdire l'entrée des arènes aux enfants de moins de seize ans, "n'ayant jamais apprécié les corridas du fait de la violence et de la cruauté qui en émanent".
Ces accusations de cruauté et de violence, les associations qui se battirent contre elle au nom du droit à la vie des humains les lui dédièrent aussi, en l'accusant de légaliser l'assassinat des feotus dans le ventre de leurs mères. Ce qui ne l'empêcha pas, au nom de sa propre morale, de faire voter en 1975 la loi sur l'IVG. Depuis, au rythme de 220.000 interruptions volontaires de grossesse pratiquées chaque année en France, soit un avortement pour trois naissances, en 35 ans, ce sont donc environ 7 millions et demi d'être humains en puissance qui ont été privés du droit d'exister. L'équivalent de trois fois la population de Paris qui comptait exactement 2.233.818 habitants au 1er janvier 2011.
Les chiffres de ce - inscrivez ici le mot de votre choix - perpétré au nom de principes dont il ne s'agit pas ici de débattre, madame Weill les connaît bien, ce qui aurait dû l'inciter à plus de décence : peut-on justifier l'avortement des humains et condamner la mort du toro ? À chacun de répondre en conscience.
Mais au-delà de la contradiction évidente qui pousse madame Weill à accepter l'un et à refuser l'autre, il est navrant de constater combien elle semble ne plus être en mesure de hiérarchiser les problèmes. Ce qui, pour une femme politique de sa dimension, est un signe navrant d'obsolescence.
André Viard